samedi 10 septembre 2011

calligraphie chinoise à Jambi

Après une pause estivale, voici quelques images qui retiendront l'attention des sinisants.

de quel style de calligraphie s'agit-il? style cursif?
Au coeur de la ville "moderne" de Jambi, édifiée vers le milieu du XXè siècle, à côté du théâtre style années 50 décati dont j'ai déjà montré une image, une boutique expose sur rue des rouleaux calligraphiés en caractères chinois.

calligraphie "style d'herbe"?
La situation des chinois dans les îles de l'archipel indonésien a connu des fortunes diverses au cours de l'Histoire, mais ce qui est sûr, c'est que leur présence est ancienne.
A Sumatra, les pélerins sur la route de l'Inde puis les marchands chinois, du VIIè au XIIIè siècle de notre ère séjournaient à Palembang ou Jambi, les deux "capitales" successives de l'empire maritime bouddhiste de Sriwijaya. A Bornéo des jarres chinoises étaient importées dès les XIIIè-XIVè siècles, décorées de dragon car le motif plaisait aux autochtones...
Au XVè siècle les communautés chinoises nombreuses établies dans les villes sur la côte nord de Java ( le pasisir ou pesisir) pratiquaient la religion musulmane et étaient intégrées dans la population locale. Mais les aléas de l'Histoire ont modifié la perception des chinois par les autochtones.
Si à l'avènement des Qing en 1644, nombre de partisans des Ming ont fui vers les contrées des Mers du Sud, et qu'il en est résulté une sinisation des communautés, globalement les chinois d'origine finissaient toujours par se fondre dans la masse indigène, par être "javanisés" en somme, de par leurs liens familiaux puisque les hommes, très largement majoritaires, épousaient des femmes indigènes et souvent se convertissaient à l'Islam. Il est intéressant à cet égard de remarquer que les chinois, habituellement perçus comme ayant digéré en sinisant peu à peu toutes les hordes barbares qui ont déferlé sur l'empire depuis le nord, ont été là assimilés par les javanais, culture elle-même raffinée et assimilatrice.
C'est seulement au XIXè siècle que les hollandais importent de la main d'oeuvre chinoise (les kuli = coolies) pour les grandes plantations qui seront créees à partir de 1815, et importent en même temps des concepts ethniques et nationalistes occidentaux qui les conduiront finalement en 1854 à séparer sur le plan juridique les chinois du reste de la population indigène. Cela marquera l'histoire de la communauté chinoise qui désormais sera dans un entre-deux ambigu, proche des occidentaux tant en étant rejetés comme non occidentaux, et regardés désormais différemment par les indigènes, comme compromis avec le colon.
Au passage, les troubles intérieurs de la Chine de la fin de l'ère mandchoue contribueront à alimenter un regain de nationalisme chinois dans les communautés chinoises d'outre-mer au début du XXè siècle.
Enfin, en 1965, suite au coup d'Etat avorté et à la prise du pouvoir par le général Suharto, la chasse aux sorcières anti communiste fera peser le soupçon d'accointances avec la Chine Populaire sur les chinois d'Indonésie. Le gouvernement Suharto décide la fermeture de toutes les écoles chinoises pour accélérer l'assimilation des peranakan (autochtones nés de parents venus d'ailleurs...).
La religion sera alors mentionnée sur les cartes d'identité et les chinois opteront pour grande partie pour le christianisme, associé à l'Occident et l'occidentalisation, et pour partie pour l'Islam par volonté d'intégration de certains perçue comme plus profonde dans la communauté nationale.

On le voit, on est loin des caricatures, tant occidentales, opposant l'Islam conquérant à la minorité chinoise opprimée, qu'islamistes radicales, opposant l'Islam "pur" aux chinois étrangers par essence, mécréants mangeurs de porc.

Depuis la chute de Suharto en 1998, et surtout avec ce siècle, l'enseignement du chinois a repris et la religion confucéenne ( Kong Fu Cu ) a été reconnue par l'Etat indonésien. De nombreux temples clinquants sont construits ou restaurés dans les grandes villes de l'archipel. A Surabaya, Palembang, à Jambi...


Klenteng (temple chinois) Tri Dharma Chandra Nadi, construit au XVIIè siècle à Palembang,
après la dernière restauration...


Mais revenons à nos calligraphies; reste à en analyser le style, la qualité, et la teneur, mais je n'ai là pas compétence et je fais appel à des amis sinisants qui pourront m'éclairer...

Mais quel texte le calligraphe boutiquier peut-il bien avoir choisi en guise d'enseigne? car enfin, le texte, écrit en style régulier,  parait bien long! S'agit-il d'un extrait de classique chinois? d'un texte religieux?
Il y aurait donc actuellement des chinois indonésiens maîtrisant suffisamment le chinois classique pour apprécier?
En attente de traduction donc!...