samedi 29 janvier 2011

le choix des krupuk

dans un warung Masakan Padang 
(chaîne de restaurants originaire de Padang, à Sumatra)

Les  krupuk sont des "beignets" aux goûts divers, très léger (un peu comme le pop-corn), une sorte de matière légère en expansion. Il y a des krupuk aux goûts et saveurs diverses, plus ou moins épicés. Ils portent des noms variés, "emping" (à partir du fruit de l'arbre gnetum gnemon), "krupuk udang"(udang = crevette), "rambak",  peau de boeuf soufflée, "krupuk kadiok"à base de tapioca, sous des formes et des tons divers plus ou moins jaunes ou rosés, les krupuk Palembang, du nom de la ville de Sumatra, et d'autres.

gado-gado

Ils peuvent être grignotés avant le repas ou accompagnent à l'occasion certains plats, dont le plus célèbre, le nasi goreng (littéralement: riz frit), mais aussi le gado-gado, et bien d'autres.

un autre warung spécialisé dans le "bakmi Jawa"
on y trouve aussi les krupuk

Le choix des krupuk est généralement l'occasion d'un rituel apéritif. L'indonésien ordinaire, une fois la commande passée, regarde sur la table le choix de krupuk mis à disposition dans divers récipients, sous cellophane dans des corbeilles diverses ou disposés dans des boîtes hermétiques vitrées en métal peint (toples) spécialement prévues à cet effet. Insatisfait, il se lève et va fureter dans les corbeilles des tables encore libres. Il porte son dévolu sur l'une des variétés de krupuk. S'ils sont sous sachet placés dans une corbeille sur la table, en examine le contenu avec soin sous tous les angles. S'ils sont dans une boîte, il la bouge afin de trouver celui qui lui semble le mieux, selon des critères obsessionnels complexes. Il revient alors avec son sachet plastique qu'il ouvre et demande si l'on aime les krupuk, avant d'ajouter qu'il aime beaucoup ça...

rambak

emping

Les boîtes de métal vitrées sont en vente au marché (pasar) Beringhardjo. De même que les emping prêts à la cuisson.

emping avant cuisson, au marché

quelques boîtes à krupuk au marché

 Cela me fait penser à ces boîtes en métal dans lesquelles nos grand-mères conservaient les biscuits et le chocolat. Mais à la différence que la boîte à krupuk est presque toujours dotée de vitrage qui permet de voir ce que l'on va choisir et saisir.
D'où vient ce goût pour les krupuk? de la sensation liée à leur caractère craquant, ou à leur légèreté?

Le centre culturel français de Yogyakarta (le LIP - Lembaga Indonesia Perancis) n'est pas en reste.

au petit café du LIP, jalan (rue) Sagan

lundi 24 janvier 2011

Nabi Suleiman et la peinture sous verre en Indonésie

Suleiman
Auteur inconnu
(collection particulière)

La peinture sous verre a connu son heure de gloire en Indonésie entre les années 1920 et les années 1950. il s’agissait de petits formats du fait de la fragilité du support. Le verre est peint à son revers. Le traitement simple des peintures relevait des arts dits populaires. Les peintures sous verre étaient apparemment peintes en série et vendues trois francs six sous sur les lieux de pélerinage entre autres. Etaient illustrées des légendes locales, des lieux connus, des caractères du wayang javanais.
Le thématique musulmane a été assez largement abordée avec des représentations de mosquées des Lieux Saints et de diverses villes javanaises, calligraphies, pictographie (figures composées de versets du Coran).
Délaissée pendant quelques décennies, elle a connu un regain dans le cadre de la promotion de pratiques artistiques porteuses de l'identité nationale encouragées par le gouvernement à partir des années 1970-80.

C’est sans doute de cette période que date la présente peinture, au format inusité, réalisée à la peinture acrylique. Désormais les artistes utilisaient ce medium pour des oeuvres uniques. L'artiste est inconnu, la peinture laisse voir de plaisantes imperfections qui font penser à des repentirs du peintre, et sa tonalité mystique ne surprend pas à Java. 

Suleiman (en arabe Sulaymân ibn Dâwûd), prophète de l’Islam (nabi), y est réprésenté au coeur de la nature, entouré d'animaux, car il parle la “langue des oiseaux” (Coran Sourate XXVII versets 15-45); c’est un initié qui possède la science secrète qui lui permet d’entendre le langage des animaux.

On pense à l’oeuvre du poète soufi persan Farid al-din Attar qui, à travers l’épopée mystique de trente mille oiseaux à la recherche de leur Roi, évoque la quête initiatique soufie. Le récit commence par un discours de bienvenue qui constitue une fonction rituelle et magique de la "Huppe", un oiseau assimilé à la fonction initiatique (que l'on retrouve dans la Sourate XXVII du Coran).Ces oiseaux représentent l’humanité des fidèles cherchant un sens au monde.La huppe, figure du maître soufi, appelle les oiseaux à partir pour un voyage difficile qui les conduira à la cour de leur Roi où ils rencontreront un oiseau fabuleux, le Simorg. Certains suivent la huppe, d’autres refusent, se contentant de leurs sorts terrestres. Certains sont initiés et accèdent au sens profond des mots, d’autres s’y refusent et restent dans un langage commun.

Saint François d'Assise prêchant aux oiseaux vient également à l'esprit, même si son sermon évoque plutôt une fraternité universelle, le respect envers toutes les créatures de Dieu.

Saint-François prêchant aux oiseaux
GIOTTO DI BONDONE
(Musée du Louvre)

jeudi 20 janvier 2011

Petit déjeuner dans un warung du quartier, celui de Cak Parman.

le warung, ouvrant sur la rue


Ouvrons ce blog avec le petit déjeuner (sarapan). Souvent, le matin, les indonésiens se rendent dans un warung, sorte de cantine locale, pour avaler une soupe accompagnée de riz, ou bien un plat de riz agrémenté de viande et de légumes. Le petit déjeuner occidental les laisse sur leur faim. Si le repas ne comprend pas de riz, on n'est pas repu!
Bien sûr, à l'occasion le petit déjeuner occidental (anglais) peut être pris, mais exceptionnellement et dans les lieux fréquentés par les occidentaux, par les catégories de population au contact du mode de vie occidental.


Nasi soto ayam, et es jeruk

tempe et krupuk, dans leurs bacs roses

Mon corps s'est habitué à ce petit déjeuner local et j'ai mes habitudes chez Cak Parman: nasi soto ayam (soupe -soto- de poulet -ayam- accompagnée de riz -nasi-), assorti de krupuk, beignets craquants divers et variées (j'y reviendrai), et de tempe, sorte de pâté de soja cuisiné de différentes manières, mais frit en l'occurrence pour le petit déjeuner. On accompagne ce menu sain de thé chaud et sucré, ou glacé mais le plus souvent sucré! ou bien de jus d'agrumes locaux, là aussi tièdes ou glacés, en l'occurence es jeruk ( c'est-à-dire glace -es- et kumquat -jeruk-) ou autres jus à l'occasion.


En réalité, au-delà du petit déjeuner, on y vient à toute heure, quand on a faim, seul ou avec des amis ou en famille.


le patron, Cak Parman, et son aide