lundi 24 janvier 2011

Nabi Suleiman et la peinture sous verre en Indonésie

Suleiman
Auteur inconnu
(collection particulière)

La peinture sous verre a connu son heure de gloire en Indonésie entre les années 1920 et les années 1950. il s’agissait de petits formats du fait de la fragilité du support. Le verre est peint à son revers. Le traitement simple des peintures relevait des arts dits populaires. Les peintures sous verre étaient apparemment peintes en série et vendues trois francs six sous sur les lieux de pélerinage entre autres. Etaient illustrées des légendes locales, des lieux connus, des caractères du wayang javanais.
Le thématique musulmane a été assez largement abordée avec des représentations de mosquées des Lieux Saints et de diverses villes javanaises, calligraphies, pictographie (figures composées de versets du Coran).
Délaissée pendant quelques décennies, elle a connu un regain dans le cadre de la promotion de pratiques artistiques porteuses de l'identité nationale encouragées par le gouvernement à partir des années 1970-80.

C’est sans doute de cette période que date la présente peinture, au format inusité, réalisée à la peinture acrylique. Désormais les artistes utilisaient ce medium pour des oeuvres uniques. L'artiste est inconnu, la peinture laisse voir de plaisantes imperfections qui font penser à des repentirs du peintre, et sa tonalité mystique ne surprend pas à Java. 

Suleiman (en arabe Sulaymân ibn Dâwûd), prophète de l’Islam (nabi), y est réprésenté au coeur de la nature, entouré d'animaux, car il parle la “langue des oiseaux” (Coran Sourate XXVII versets 15-45); c’est un initié qui possède la science secrète qui lui permet d’entendre le langage des animaux.

On pense à l’oeuvre du poète soufi persan Farid al-din Attar qui, à travers l’épopée mystique de trente mille oiseaux à la recherche de leur Roi, évoque la quête initiatique soufie. Le récit commence par un discours de bienvenue qui constitue une fonction rituelle et magique de la "Huppe", un oiseau assimilé à la fonction initiatique (que l'on retrouve dans la Sourate XXVII du Coran).Ces oiseaux représentent l’humanité des fidèles cherchant un sens au monde.La huppe, figure du maître soufi, appelle les oiseaux à partir pour un voyage difficile qui les conduira à la cour de leur Roi où ils rencontreront un oiseau fabuleux, le Simorg. Certains suivent la huppe, d’autres refusent, se contentant de leurs sorts terrestres. Certains sont initiés et accèdent au sens profond des mots, d’autres s’y refusent et restent dans un langage commun.

Saint François d'Assise prêchant aux oiseaux vient également à l'esprit, même si son sermon évoque plutôt une fraternité universelle, le respect envers toutes les créatures de Dieu.

Saint-François prêchant aux oiseaux
GIOTTO DI BONDONE
(Musée du Louvre)

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