vendredi 11 février 2011

Intiwatana et candi bentar


l'Intiwatana au Machu Picchu


l'Intiwatana au Machu Picchu, sous un autre angle

Thème précolombien et influence moderniste.

Lorsqu’on visite le Machu Picchu on découvre l’Intiwatana (“lugar donde se amarra el sol”), situé au sommet de la “colina sagrada”. Deux fonctions sont attribuées à cet étrange rocher taillé: mesure du temps (solstice et équinoxe), et autel.du rocher émerge dans la partie centrale une sorte de monolithe poli ayant plusieurs plans qui se termine en prisme quadrangulaire, dont les quatre angles indiquent les points cardinaux.
Ce qui frappe dans l’Intiwatana c’est que sa forme bizarre ne correspond à aucune géométrie rigoureuse, et pourtant elle irradie. Peut être aussi par l’usage du granit et l’écho de sa forme au paysage environnant.


Sculpture de Fernando de Szyszlo, à Miraflores, Lima


la même sculpture, sous un autre angle


On trouve dans le quartier de Miraflores à Lima, sur la promenade qui domine les falaises (las barrancas) et l’océan pacifique brumeux, une interprétation contemporaine de l’Intiwatana (ou intihuatana) par l’artiste péruvien contemporain Fernando de Szyszlo. L’artiste a su faire revivre dans le béton l’absence de symétrie ou même de dissymétrie de l’intiwatana du Machu Picchu, qui en cela rejoint certaines sculptures contemporaines qui présentent des formes incompréhensibles comme surgie de nulle part et pourtant, ou pour cela, fascinantes.


Thème préislamique réinterprété dans les années 2000.



au kraton Kasepuhan, à Cirebon

au kraton Kanoman, à Cirebon




A Java et à Bali, on nomme habituellement “pintu bentar” ou “candi bentar” ou encore “gerbang terbelah”, "pintu gerbang", un édifice formant porte, ou portail, composé de deux parties identiques et symétriques qui sont situées de part et d’autre de l’entrée. Cette construction ne comporte pas de partie haute reliant les deux côtés, si bien que la séparation entre les deux parties est franche et nette. Les deux côtés ne sont reliés que par les escaliers dans la partie basse. C’est un peu comme si un temple de l’époque hindo-bouddhique avait été fendu et divisé d’une manière parfaite. On pense que ces “portes fendues” sont apparues à l”époque de Majapahit (royaume de Java-Est aux XIII-XV ème siècles).


candi Ceto, sur les pentes du mont Lawu


En 2005 l'Universitas Gadjah Mada (UGM) a décidé d'édifier un portail pour marquer son entrée principale, et a pris pour modèle cette tradition architecturale issue de l'empire de Majapahit. Mais avec pour matériaux une base en granit noir (placage?), surmontée d'acier. Même symétrie. Comme on entre dans un temple, ou un palais, celui de la connaissance.


l'entrée principale de l'Universitas Gadjah Mada, avec sa pintu gerbang, et au loin la toiture javanaise joglo du Grha Sabha Pramana, bâtiment d'honneur et de réception construit au coeur de l'université

partie droite du portail


partie gauche du portail


Nota bene: les services de l'université, interrogés, n'ont pu à ce jour me communiquer le nom de l'artiste auteur de la pintu gerbang.

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